Antipédophilie : la Nouvelle Croisade des Enfants
La psychologue face à Docteur Démocratie et Mister Totalitarisme
Jusqu’au bout du bout, l’Occident partira en croisade(s). Il ne serait plus l’Occident, s’il ne le faisait pas.
La Dissidence – c’est-à-dire les largués de l’Occident terminal – n’étant pas encore post-occidentale, elle se doit donc d’organiser ses croisades. C’est même désormais à elle que revient en premier lieu ce devoir civilisationnel – le mainstream étant, de son côté, trop occupé à gérer le naufrage. A mon avis, la Dissidence ne deviendra d’ailleurs jamais post-occidentale : elle se dissoudra plutôt naturellement, suivant le chemin des familles monoparentales, the way of all flesh, sans donner suite ; et c’est la descendance du mainstream qui deviendra post-occidentale – en oubliant, certes, soigneusement de me citer, comme la plupart des lecteurs de ce blog « oublient » « encore » de souscrire un abonnement annuel, et n’y penseront pas forcément davantage le jour où je déciderai de faire complètement disparaître les contenus publics.
A la grande époque des Croisades, au début de l’Occident, il y a eu une croisade des enfants. Aujourd’hui – à sa toute fin –, il y a la Croisade des pédophiles. Ou plutôt : contre les pédophiles. Car il faut combattre la présence des pédophiles « près de nos enfants »[1], comme il fallait combattre la présence des Mahométans en Terre Sainte.
Les raids meurtriers de la Vertu en armes
Vu de loin, par, disons, des africains qui auraient tout ignoré de l’Europe, les flottilles des Croisés n’avaient rien de bien étrange pour leur époque : une fois de plus, des vikings blonds et roux, brûlés par le soleil, filant comme d’habitude sur leurs drakkars en direction de butins orientaux. Le détail qui aurait dû inquiéter un tel observateur, c’était cette croix sur leurs boucliers : elle signifiait que la présence à Jérusalem de mécréants niant la divinité du Christ n’était plus seulement contraire à la Grâce (qui règle ses comptes, avec eux comme avec nous, post mortem), mais à la Nature, telle que les hommes-médecine des Francs (auto-intitulés scolastique en Sorbonne) venaient de la redéfinir.
La Nature venait en effet de devenir normative : ne se contentant plus d’être, désormais, elle voulait – d’où, bien sûr, cette « loi naturelle » à laquelle travailleront ensuite trente générations de théologiens catholiques, sans jamais remarquer, apparemment, qu’il s’agissait d’un oxymore.
Lors d’une des croisades du dernier segment chronologique, la Croisade des Bolcheviques, la Nature s’est transformée en rapports de classes. Et le théologien, en intellectuel organique du parti : en commissaire, qui expliquait aux croisés à étoile rouge ce que les rapports de classe devraient être – à charge pour eux, en ressortant des locaux du parti, d’aller aligner la nature naturée (la réalité) sur la nature naturante (l’idéal, l’utopie), au moyen des instruments classiques du Tiqqun Olam occidental : la confiscation, l’emprisonnement, l’assassinat, la torture et l’incendie volontaire.
C’est ainsi qu’est né le progressisme : par inversion des polarités du Temps. Le Temps, on le devait au christianisme, sous sa première forme : celle de cette Culture du premier millénaire après la Crucifixion, qu’O. Spengler devait, 1900 ans plus tard, baptiser Culture Magique. Mais cette vectorialité fondée par l’eschatologie (on avance vers l’apocalypse) restait basée sur la perception antique (et, à vrai dire, universelle hors Occident) du devenir comme dégradation : une fois nés, les êtres courent vers la mort – c’est la loi du Vivant.
Dans le paradigme occidental, en revanche, c’est le passé/présent qui devient une scorie de l’avenir[2]. La Nature devient télique : elle a un but, qui est au-delà d’elle, mais n’est plus, pour autant, transcendant (comme l’était le Salut dans le christianisme préoccidental). Et cartographier l’idéal, établir le mode d’emploi du Salut immanent, c’est le rôle de l’intellectuel – qu’on appelle encore théologien, doctor angelicus etc. pendant les six ou sept premiers siècles du bastringue. Après un bref séjour de plus ou moins un siècle dans les limbes de l’économie politique, l’intellectuel est aujourd’hui[3], le plus souvent, un psychologue. Et, comme c’est la crise et que les hommes capables sont trop occupés au trading, ce psychologue est en général une psychologue.
Pour l’intellectuel, tout est explicable, sauf la réalité. La pédophilie, comme la présence du Mahométan en Terre Sainte, participe de la nature mystérieuse du Mal.
Light of my life, fire of my loins
Mais j’aimerais qu’on s’entende : le « problème pédophile », bien entendu, existe. Encore faut-il définir correctement le phénomène.