Comme tous les peuples du monde, les Palestiniens ont très exactement ce qu’ils méritent
Modeste Schwartz ouvre un nouveau front : lui contre tous les camps en présence
From the River to the Sea
Je dois reconnaître aux obligés d’Israël dans le petit monde politico-médiatique parisien un certain talent : leurs efforts en vue de me faire embrasser la « cause palestinienne » ont failli être couronnés de succès. A force d’associer Israël à pratiquement tout ce que je méprise (la civilisation, le féminisme, l’humanitarisme, le cosmopolitisme des nantis…), ils ont failli faire de moi un « pro-Palestine », c’est-à-dire quelqu’un qui ne s’intéresse absolument pas au sort des Palestiniens, mais se met, par moment, à les trouver absolument héroïques et absolument sympathiques, en leur (unique) qualité de destructeurs potentiels de l’Etat hébreux.
Car – étant un garçon assez entier – c’est bien sûr dans cette catégorie du jusqu’au-boutisme que j’aurais alors vécu mon palestinisme – dans la mesure où, s’il y a une sous-espèce anthropoïde que je méprise encore plus que l’identitaire pro-Israël, c’est « l’antisioniste modéré » qui vous blablate benoitement avec sa « solution des deux Etats, que même le Président Poutine,… blablabla », pendant que, sur le terrain, ses chouchous en kéfié n’ont qu’un seul refrain à la bouche : From the River to the Sea !
L’ennui, c’est que
J’ai déjà donné !
Jusqu’à cet automne, pendant 5 ans, j’ai dû vivre exilé de ma patrie d’adoption (la Roumanie), du fait d’une interdiction de territoire. J’y suis retourné depuis, bien évidemment pour retrouver les femmes que j’aimais devenues mères de famille, femmes d’affaires écumant Tinder – ou pire : profs de yoga. Si jamais vous prenez 5 ans de taule, souvenez-vous de ce que je vous dis : c’est l’équivalent de la perpétuité. La vie humaine, en vrai, ça dure 5 ans. Ensuite, tant que le châssis anatomique tient le coup, on commence (généralement sans s’en rendre compte) une autre vie – franchement plus merdique que la précédente, en général.
A chaque passage d’une frontière Schengen, je dois contribuer à la formation politique des garde-frontières de diverses nations slaves, qui ne comprennent pas pourquoi leur bécane, confrontée à mon passeport dûment fiché par Macron, bipe sa race comme si j’étais né à Cali (Colombie), des œuvres d’un type nommé Orejuela au minimum, et placé mes premiers contrats sur la tête de mes camarades de maternelle.
Tout cela – compte tenu des délais de réaction considérables de l’appareil de répression – n’est probablement pas dû à mon crime le plus récent (avoir fait remarquer qu’une grippe est une grippe), ni même au précédent (risquer l’idée qu’une femme serait une femme), mais à mes amitiés politiques – effectivement absurdes et adolescentes – des années 2014-2019 : le mouvement eurasiste, sorte de tiers-mondisme de droite vaguement New Age, et avant-garde intellectuelle de ce multilatéralisme dont vous badigeonnent actuellement les oreilles tous les désœuvrés « souverainistes » qui ont pu réussir à s’ouvrir un compte sur YouTube.
Or l’eurasisme est, bien évidemment, pro-Palestine à donf. Finalement, la Palestine, c’est bien en Asie, non ? Vous me direz : Israël aussi.
Oui, mais Israël, c’est la puissance occupante. Comme la présence russe en Sibérie, donc ? Mauvais exemple. Un eurasiste de bon aloi préférera toujours comparer Israël à la présence WASP en Amérique du Nord – qui date pourtant, grosso modo, de la même époque. Quoi qu’il en soit, si des organisations identitaires apaches ou yakoutes avaient pu mettre au point un marketing victimaire aussi efficace que celui des quelques kleptocraties plus ou moins militarisées qui « représentent le peuple palestinien », gageons que nos multilatéralistes manifesteraient aujourd’hui aussi (au moins sur Facebook !) pour l’expulsion des colons blancs de Vladivostok et de San Francisco. Abstraction faite des quelques bizarreries que lui imprime son contexte russo-soviétique, l’eurasisme, comme tout tiers-mondisme, est avant tout un symptôme de la haine de soi de l’Occident terminal – aussi connu sous le nom de racisme anti-blanc.
Oh, fais-moi mal, Yahya !
Très original dans l’histoire universelle du racisme, le racisme anti-blanc a la particularité d’être avant tout caractéristique des populations blanches. Pour leurs weekends à thème génocidaire, les populations pigmentées restées dans leurs terroirs disposent en général chacune d’un objet de détestation plus proche, plus pigmenté, et plus capable de réciprocité : pour chaque hutu, il y a un tutsi – c’est l’harmonie préétablie du marché de la haine.
Quant aux pigmentés importés (les migrants), ce sont en général des colonisés mentaux, qui vivent en réalité dans l’adoration mystique du Blanc, et ne participent à l’agitation « antiraciste » (comprendre : raciste anti-blanche) de la Femme blanche que lorsque cette dernière réussit à leur faire miroiter des gains concrets (à commencer par les faveurs sexuelles de ladite femme blanche, plus un peu de CAF, for good measure).
Mais je m’égare.
Revenons donc aux Palestiniens.
Cette même propagande israélienne, dans un registre un peu plus droitard[1] nous explique qu’ils ne constituent pas une nation – ou tout au plus une nation ratée. Ce en quoi elle a factuellement raison, et remporte par conséquent l’adhésion spontanée de nombreux candaules européens, tellement amoureux de cette idée de nation, au point de consacrer certains week-ends à des pèlerinages du genre Verdun – preuve de leur infériorité biologique vis-à-vis de la plupart des races bovines, dont les représentants n’ont pas pour habitude d’aller spontanément se recueillir sur le site d’anciens abattoirs. L’âge de l’Etat-nation, c’est l’époque où le masochisme occidental n’avait pas encore besoin d’exécuteurs plus ou moins testamentaires pigmentés, étant donné qu’on réussissait encore à s’infliger entre nations blanches les pires sévices.
Pour ma part, c’est précisément leur inaptitude (typiquement tribale et hétérosexuelle) à faire nation qui me rend les Arabes extrêmement sympathiques. Ce en quoi je n’ai d’ailleurs rien d’original : c’est en général au contact des bédouins (et non de la populace de ces ports coloniaux gréco-arméniens connus sous le nom de « villes arabes ») que les européens philo-arabes le sont devenus – dont, d’ailleurs, un fils de rabbin austro-hongrois qui allait pousser la marotte jusqu’à se convertir à l’Islam, pour finalement devenir l’un des fondateurs de l’Etat pakistanais. Mais c’est une autre histoire, que je vous raconterai peut-être un jour si vous prenez suffisamment d’abonnements annuels au blog.