Gates mitigeant l’enfumage, Biden russifié par injection : avatars de la Représentation
Pouvoir, mensonge et Société de Dubaï à Moskvadzor
Une journée de la vie d’un réinformateur
Je regardais cette interview récente de Bill Gates depuis la conférence climatique de Dubaï – conduite, comme d’habitude, par un journaliste issu de l’horizon d’un climatisme encore plus intransigeant, de l’extrême-gauche du mondialisme, façon Greta Thunberg : Davos a l’art de se choisir des opposants sur mesure – et les moyens de se les acheter.
Au début, je me focalisais principalement sur le contenu – me fixant comme de juste l’objectif de le démonter.
Et faut dire que c’est pas très difficile. Les sophismes du personnage ne sont pas de très haute volée : on sent bien que, déshabituée de tout contact avec de réels contradicteurs, l’élite de l’Occident historique n’a plus l’entraînement nécessaire à la lutte.
Ainsi, en matière de réchauffement, on passe insensiblement de la rhétorique du « combat » (tackling) à un nouveau concept de mitigation, qui permettra d’expliquer a posteriori qu’on a fait tout ce qu’on a pu (en oubliant naturellement de préciser qu’on ne pouvait probablement rien) et que, sans le suicide industriel du monde blanc, tout cela aurait été encore bien pire. Et ce, tout en dérivant sans solution de continuité vers l’arnaque suivante : en « complément » de l’illusoire « combat » perdu d’avance, on va maintenant consacrer de plus en plus de rhétorique (et donc de fonds publics) à l’adaptation au changement climatique.
C’est un peu comme tel ou tel philanthrope venait nous expliquer que c’est désormais l’ONU, en collaboration avec diverses autres organisations internationales et les Etats des principaux pays industrialisés, qui va dire aux gens comment s’adapter à la météo, c’est-à-dire comment s’habiller en fonction des températures et des précipitation, prendre en charge (bien évidemment sur l’argent de leurs impôts) la constitution de leur garde-robe, etc.. L’adaptation technologique, c’est ce dont s’occupe Sapiens Sapiens depuis qu’il manipule des outils et exploite son environnement. Sur les premières centaines de milliers d’années, et pratiquement jusqu’à la Guerre froide, ça avait assez bien fonctionné sans Klaus Schwab, sans António Guterres ni Bill Gates. Mais maintenant qu’ils s’emploient à nous retirer (d’autorité) ce souci, gageons que ça va marcher encore beaucoup mieux. What could possibly go wrong ?
L’Occident comme climat
Mais éloignons-nous, l’espace d’un instant, du fond de l’arnaque.
Formellement, ce pseudo-raisonnement du climatisme, c’est le modus operandi de l’Occident en général : dialectique, comme lui.
Certains diraient : le modus operandi du capitalisme – et, pour autant qu’ils aient en vue la société capitaliste bien spécifique à laquelle l’Occident a donné naissance[1], je ne peux que leur donner raison. Les médias de l’Occident terminal – dont le présent texte constitue, comme beaucoup des textes de ce blog, un commentaire autant qu’il est un commentaire de leur contenu (apparent) – fonctionnent désormais selon le même principe : ne surtout jamais avoir peur de se contredire, à condition :
a) de ne jamais le reconnaître
b) de toujours conserver le crachoir et
c) de ne surtout jamais arrêter de clamer ses bonnes intentions humanitaires (Gates, dans cette interview, mentionne l’Afrique dans pratiquement chaque réponse) – étant donné qu’un mensonge bien intentionné est à moitié pardonné, voire cru.
Ainsi, si tout continue à aller pour le mieux dans le meilleur des Davos possibles, personne n’aura jamais le temps ni l’occasion de faire remarquer à Gates que, la « lutte contre le réchauffement » ayant été un échec même dans les termes de l’idéologie climatiste (version 2020)[2], la principale urgence est de lui retirer, à lui et à sa Caste, la possibilité de « définir des politiques »[3]. Personne n’en aura le temps ou l’occasion, étant que tout le monde sera déjà bien trop occupé à écouter le pompier pyromane expliquer comment il prétend organiser l’effort collectif en vue de juguler les conséquences de son échec précédent.
Exactement comme il n’y a jamais eu de procès de l’Etat/entreprise moderne pour son crime de saccage des structures familiales, étant donné que, une fois le saccage consommé, l’espace du débat a aussitôt été saturé par les criailleries catégorielles des diverses sous-espèces de paumés (femmes « libérées », jeunes, invertis…) issues de ce saccage.
Pour reprendre un slogan électoral récent du grand occidentaliste Viktor Orbán : La Hongrie va vers l’avant, pas vers l’arrière ! L’Occident est une révolution, l’Occident est une bicyclette[4] : s’il cesse d’avancer, il tombe.
Véritable consensus de l’Occident historique : que le Power reste soft
Ceux qui suivent mon fil Telegram auront entendu quelques échos de ces réflexions récentes.
Mais, assez vite, mon attention s’est détachée du fond du propos, pour se fixer sur Gates lui-même.
Ce vieillard qui continue à faire son numéro. A payer du peu de temps qui lui reste sur terre pour faire en sorte que le jeu continue. A se contorsionner pour tenter de neutraliser discursivement une critique que lui et les siens auraient les moyens de faire taire par la force : la physique, aussi bien théorique qu’expérimentale, prouve qu’on tombe d’un 11ième étage à la même vitesse à Bordeaux et à Novossibirsk.
Mais l’oligarchie en charge de l’Occident historique veut préserver le soft power.
Tout comme ses victimes, d’ailleurs : des post-citoyens occidentaux dont l’AVC climatique a tué un proche (parfois un enfant) – et, au vu de statistiques chiffrant les ravages actuels du fléau à 17 millions de victimes dans le monde, ils doivent être une chiée – je ne pourrais pas en nommer un seul qui ait cherché à se rendre justice lui-même, comme un bon pâtre afghan, alors même qu’ils doivent être au moins 10% à pouvoir identifier précisément les assassins. Les plus vindicatifs se contentent d’attendre/d’espérer un « Nuremberg du Covid », c’est-à-dire de recycler désespérément la doxa antifasciste, faisant (comme elle) semblant d’ignorer que, pour que Nuremberg il y ait, il faut d’abord que l’empire des inculpés ait été militairement défait par l’empire qui nommera les procureurs.
Ceux qui, en revanche, sont conscients de cette logique (la logique du Sieg Heil) se contentent de se laisser bercer par les vieilles comptines de la géopolitique, en espérant que les autocrates de l’Occident pigmenté vaincront notre oligarchie à nous. Et qu’après cette victoire, ces cotisants pigmentés de Davos vont punir les cotisants blancs du même WEF, pour des crimes qu’ils ont eux-mêmes commis à l’encontre de leurs propres peuples (avec, souvent, moins de ménagements que dans l’odieuse UE).
Les événements pourraient d’ailleurs leur donner raison. Après tout, après 1945, avoir jusque-là traité avec une indifférence amusée tous les rapports qui leur parvenaient sur la Solution finale en Europe, et avoir été les auteurs du massacre de Dresde n’a pas empêché les Alliés de soudain élever le génocide[5] au rang de crime métaphysique, et d’en faire une spécificité non-contestable des régimes fascistes – effectivement les seuls de l’époque moderne à avoir assumé le fait que des bourgeois soient, dans une certaine mesure, capables de s’exterminer entre eux.
Bref : en Occident historique, pour l’instant, personne – et surtout pas Gates – n’est vraiment résolu à dépasser l’horizon conceptuel de l’Occident terminal. Car les hommes – et surtout les hommes qui ne connaissent ni la faim, ni les tortures – craignent le désespoir métaphysique plus que la mort (que cette dernière leur vienne par lynchage ou par AVC climatique).
La lâcheté de Gates est probablement – au moins en partie – intéressée. Celle des boomers qui vont voter pour la « Liste citoyenne »[6] du Courrier des Boomers, elle, ne l’est pas. L’avantage, quand on se fait détrousser, c’est qu’on peut être soupçonné d’à peu près n’importe quoi, sauf de bassesse. Les Boomers ne veulent pas remettre en cause la sacro-sainte (quoique rivotriliste) construction européenne – sentant bien (et à raison) qu’une critique radicale de ladite construction amènerait vite à ébranler le socle idéatique de leur propre fétiche national : l’UE, c’est juste l’Etat-nation napoléonien (progressiste, vaccinaliste, universaliste…), mais en plus grand. L’UE, c’est l’Empire sans la Bérézina : c’est la France qui a réussi.