Les Blancs au XXIe siècle (2ième partie)
Pour « produire » des enfants, il faut d’abord « produire » des femmes
A – Parathèse[1] : le libéralisme nous a stérilisés
A1. Invention de l’eau chaude : la conquête de Mars-et-Vénus
Vous avez probablement entendu parler de la sociologie – cette science des conséquences dont on ne veut surtout pas connaître les causes.
Eh bien, le dernier scoop de la sociologie, c’est que, dans le monde développé, il y a divergence idéologique entre les sexes. Les femmes sont « libérales » (au sens anglo-américain du terme), les hommes, « conservateurs » (abstenons-nous pour l’instant de nous demander ce que ce terme recouvre en réalité).
C’est le Financial Times qui a ouvert le feu il y a un mois, avec un Article très commenté de John Burn-Murdoch, relayé en français, d’abord par mon ami Nicolas Bonnal, puis, le 27 mars sur le site telos (et le 1er avril sur son blog), par Olivier Galland, du CNRS.
« Saleté », somme toute, assez facile à balayer sous le tapis : les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, on n’a jamais vraiment vu le monde de la même façon, reste donc juste à supposer que la finesse et la sincérité de l’observation sociologique ont enfin atteint le point de perfectionnement qui rend possible la mise en évidence d’une telle vérité immémoriale. Business as usual. Tous post-catholiques à un titre ou un autre, les conservateurs étatistes en tireront tout au plus leur conclusion habituelle : qu’« on » (c’est-à-dire qui ?) a besoin de plus d’autoritarisme (sous-entendu : d’Etat), pour empêcher la mauvaise nature d’écraser la bonne nature.
L’ennui, pour cette perception anhistorique de ce phénomène finalement subjectif (le « fait » commenté étant une série de classifications de réponses données à des questionnaires), c’est qu’il coïncide avec un phénomène très objectif, lui, et sans précédent dans l’histoire humaine connue : une régression massive de la natalité, dans l’ensemble du monde industrialisé, coïncidant avec un maximum historique en termes de niveau de vie médian. Disposant de plus de calories/individu que toutes les générations précédentes, les humains d’âge nubile du monde blanc et de l’Extrême-Orient industrialisé ont moins d’enfants/femme en moyenne que la plus inféconde de toutes ces générations antérieures, souvent exposées à la famine.
Tendance lourde observable depuis des décennies, ce recul de la fécondité ne peut pas être intégralement porté au compte de facteurs matériels – et notamment aux diverses formes de toxicité objective (allant des perturbateurs endocriniens aux injections de l’Eglise vaccinologique) qui ont sûrement joué un rôle important, mais plutôt dans l’accélération du phénomène sur la dernière centaine de mètres. Et, comme il est accompagné d’un recul du taux de mariage, d’une explosion des divorces et d’une augmentation constante de l’âge des femmes au premier enfant, il devient difficile de se voiler la face : avec ou sans contraception, les Blancs et assimilés ont aujourd’hui moins d’enfants parce qu’ils font moins l’amour.
Comme dans le cas des observations statistiques de Pierre Chaillot sur la pandémie imaginaire, cette conclusion scientifique recoupe d’ailleurs des constats de bon sens, dont tout un chacun est capable en fréquentant, même sommairement, des étudiants et de jeunes actifs occidentaux actuels : un taux historiquement normal d’activité sexuelle caractérise désormais des minorités catégorielles acquises à telle ou telle variante de la sexualité inféconde (notamment les sodomites). Ce qui ne fonctionne pas, c’est moins le sexe en général que l’hétérosexualité en particulier.
Et effectivement, pour peu qu’on veuille bien rapprocher ces deux séries de données (la divergence idéologique des sexes et de recul de l’habitus familial), ça tombe sous le sens : compte tenu de ce qu’elles pensent, on ne voit, à vrai dire, plus très bien pourquoi des femmes de 2024 voudraient se laisser approcher (et, a fortiori, féconder) par ces monstres fascistes porteurs de chromosomes XY. Ou, tout au plus (et en attendant le triomphe définitif du lesbianisme), après les avoir emballé dans un latex permettant d’aligner le coït hétérosexuel (ou, plus exactement, son simulacre) sur le reste des pratiques sexo-récréatives.
Il y a donc bien quelque-chose qui a changé.
A2. La post-femme : un trans mental
Anticipant ces résultats dans YIN (2020), j’y avais proposé le concept de post-femme, pour faire référence à une femelle biologique de l’espèce humaine, mais qui, culturellement, n’est plus compatible avec le mâle de la même espèce. Mon diagnostique étant que la Culture occidentale (dont j’ai précisé plus tard ma vision dans Køvíd – ouvrage de 2022), poussée au bout de sa logique, ne pouvait que déboucher sur l’émergence et la prévalence de la post-femme.
D’où vient la post-femme ? On le comprend, à vrai dire, assez facilement, même à partir d’une analyse qualitative des données susmentionnées – pourtant collectées, si j’ose dire, à l’aveugle, par la sociologie.
L’un des thèmes donnant lieu à une divergence des plus accusées entre les deux sexes se trouve en effet être celui-là même qu’E. Todd, dans la Défaite de l’Occident, retient aussi pour définir ce qu’il appelle le nihilisme (et qu’on retrouve, sous la plume plus prudente de Galland, sous le nom de wokisme) : l’idéologie transgenre.
Laissons donc la parole à Galland :
« …ce clivage se manifeste également sur les valeurs et les normes concernant la liberté laissée à chacun de ‘choisir’ son genre. Sur ce point une autre enquête (de l’institut Cluster 17 pour l’hebdomadaire le Point) livre des résultats assez spectaculaires. Par exemple, 48% des jeunes femmes (18-24 ans) répondent ‘oui tout à fait’ à la proposition selon laquelle ‘un homme qui fait une transition de genre (en recourant à la chirurgie, aux traitements hormonaux…) devient une femme à part entière’ (23% des garçons) »
A partir de là, on peut – comme Todd, et pour des raisons faciles à comprendre dans sa perspective à lui, qui est celle de l’intellectuel progressiste – choisir de cognitiviser le problème, en l’abordant dans une sorte de perspective métaphysique, à mi-chemin de la psychologie et de l’épistémologie : l’époque serait (probablement pour cause de « protestantisme zéro », de « catholicisme zombie » ou tout autre combinaison de ces formules magiques) porté au déni du réel – ce dernier dictant, effectivement, qu’un détenteur de chromosomes XY, même affublé d’une jupe, dopé aux hormones et/ou botoxé façon femme… reste un homme biologique.
Oui mais, oui mais : pourquoi diable ce rapport de 1 à 2 entre « nihilisme féminin » et « nihilisme masculin » ? Et pourquoi est-ce justement l’idéologie transgenre qui clive le plus – alors que le nihilisme, défini à la Todd, devrait en principe pouvoir s’attaquer à n’importe quelle réalité ?