Călin Georgescu : à partir de lundi, l’UE aura-t-elle un chef d’Etat anti-codiviste ?
Portrait avant tempête
Au lendemain du dimanche 24 novembre 2024 (1er tour des élections présidentielles en Roumanie), l’opinion publique roumaine – et surtout internationale – découvrait avec stupeur, en tête des résultats du premier tour, un candidat qui s’était présenté en indépendant, sans parti, (officiellement) sans budget, qui n’avait pas fait imprimer une seule affiche, et que, à la veille du scrutin, les sondages les plus délirants d’optimisme plaçaient quelque-part vers la 8ième place, avec un maximum de 8% des voix. Călin Georgescu en a finalement obtenu près de 23%.
Depuis lors, dans les élites progressistes de Bucarest et des capitales occidentales, c’est l’hystérie : à Bruxelles, on convoque le PDG de TikTok, plate-forme accusée d’avoir « fait gagner » Georgescu (comme si les autres candidats ne l’avaient pas utilisée…), et qui, depuis lors, a effectivement été bloquée sur le territoire roumain (encore une grande victoire de la démocratie !).
Et, face au très calme, très articulé et généralement souriant Georgescu, on agite « les heures les plus sombres », dans l’espoir évident d’obtenir – au profit de sa contre-candidate euro-mondialiste du second tour, E. Lasconi – un effet de castorisation sur le modèle de celui qui, en France, a fait le bonheur électoral durable d’E. Macron à partir de 2017.
Ce second tour du 8 décembre 2024 verra-t-il, à Bucarest, les castors triompher comme ils l’ont fait à Paris en avril 2022 ? Rien n’est moins sûr.
Mais commençons par essayer de comprendre – sans bouffées de chaleur ni pudeurs apologétiques – qui est C. Georgescu.
Le plus davosien de tous les antimondialistes
C. Georgescu, c’est d’abord le paradoxe d’un éco-technocrate obsédé par la thématique de l’eau, qui a siégé au Club de Rome ( !) et dénonce aujourd’hui les fantasmes néo-malthusiens de l’oligarchie. Qui démasque aujourd’hui l’ONU comme buanderie de Davos (on croirait lire du Modeste Schwartz dans le texte), après… avoir travaillé pendant une quinzaine d’années pour l’ONU.
Au vu de pareils virages à 180°, on pourrait presque – surtout quand on a conscience des ambiguïtés national-communistes du régime de N. Ceaușescu – classer sans suite le fait que la dictature communiste roumaine d’avant 1990 a permis à cet anti-communiste convaincu, issu d’une famille très religieuse et conservatrice, de travailler sans encombre à l’étranger, à Vienne, New York, Genève et autres centres de la manigance impérialiste.
C. Georgescu est – pour tenter d’acclimater à la langue française une savoureuse expression alsacienne de mon enfance – un homme lavé avec toutes les eaux.
Georgescu ne cherche d’ailleurs pas le moins du monde à occulter les méandres assez vertigineux de son parcours, que lui voit plutôt comme les moments successif d’une logique (sinon d’une dialectique) : il a fallu qu’il pénètre jusque dans le cœur nucléaire du mondialisme oligarchique pour en comprendre « le mensonge »1.
On ne peut pas ne pas remarquer, au passage, la dissonance cognitive qui semble affecter ces organes de presse tentant de nous présenter comme un obscur gourou de la conspisphère ce diplomate de métier, haut-fonctionnaire ministériel dès les années 1990, qui a pendant 13 ans dirigé en Roumanie l’Institut National du Développement Durable !
Le candidat de l’anti-covidisme
Commençons donc – pour tenter d’expliquer toutes ces dissonances cognitives – par le gros éléphant blanc au milieu du magasin de porcelaine : dans un pays – la Roumanie – qui est le moins inoculé d’Europe, le succès politique de Călin Georgescu s’enracine avant tout dans son opposition au covidisme.
Il n’a certes pas l’exclusivité de ce thème, l’opposition aux confinements et aux injections étant une priorité transversale de l’ensemble du camp aujourd’hui étiqueté « souverainiste » en Roumanie2.
Et c’est certes plus probablement son opposition très ferme à toute implication de la Roumanie dans un conflit armé contre la Russie qui lui a permis, sur la dernière centaine de mètres, de faire la différence – notamment par rapport à un Gh. Simion en voie de « melonisation », qui a payé très cher (en termes de popularité) ses ambiguïtés « OTANo-compatibles » en la matière.
Mais il n’existe aucune explication convaincante pour l’essor – resté longtemps « souterrain » – de ce candidat indépendant qui fasse l’impasse sur son implication très précoce dans la lutte anti-covidiste : à la différence de beaucoup d’opportunistes qui vont se découvrir une fibre « antivax » maintenant que Washington semble avoir, en la matière, retourné sa veste, c’est dès 2020, à une époque où – même en Roumanie ! – l’opinion était encore profondément divisée à ce sujet, que Georgescu a fait entendre très clairement une voix qui démasquait la supercherie avec audace et précision : rôle du WEF, rôle de l’ONU (donc de l’OMS), inutilité et nocivité des injections.
Les raisons expliquant que – même maintenant qu’il est (d’ailleurs en tête) au second tour d’une présidentielle dans un pays de l’UE ! – cette composante anti-covidiste (pourtant centrale) de son discours continue à être largement ignorée en-dehors de Roumanie sont, à vrai dire, les mêmes qui expliquent aussi en grande partie que la campagne (exclusivement électronique) du candidat Georgescu ait pu passer sous les radars journalistiques (à 100% à l’étranger, et partiellement même en Roumanie).