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Iran: kilomètre zéro de la Société Mondiale?

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Réflexions post-occidentales sur ce que montre et occulte la lutte des mondialismes fratricides

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Modeste Schwartz
juin 27, 2025
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Iran: kilomètre zéro de la Société Mondiale?
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Au lendemain des frappes nocturnes américaines sur l’Iran, D. Medvedev a affirmé (c’était le point 6. de son bilan) que le régime iranien sortait « probablement renforcé » de l’épreuve.

Il a eu la prudence d’ajouter « probablement » – sachant qu’un futur très proche pourrait lui donner tort1.

Du côté de l’équipe Trump, on espère, de toute évidence, qu’il ait tort. En tout état de cause, P. Hegseth consacre beaucoup d’énergie au marketing de l’agression américaine, prenant bien soin de la présenter comme une attaque contre le régime, et non contre sa population (ou même son armée).

Mais, à supposer que Medvedev ait raison, qu’en déduire ?

Qu’il faut au moins un bombardement de sites nucléaires par l’aviation US pour qu’un régime aussi moral et saint que celui des mollahs puisse gagner un petit sursis. C’est dire le prix que les classes urbaines de l’Iran actuel attachent à la sainteté politique.

Et, de ce point de vue, les constats de Medvedev rejoignent en réalité les calculs d’un Netanyahou ou d’un Trump : tout le monde considère comme un fait la caducité du régime khomeïniste – et tout le monde pour la même raison : parce qu’il n’est pas assez démocratique, c’est-à-dire pas assez féministe.

Car, contrairement aux présuppositions aberrantes de la droite mondiale2, la démocratie postmoderne n’est fonctionnelle qu’au sein d’un ordre social post-familial dont la Gay Pride est le véritable symbole : depuis la mort de l’Etat-nation moderne comme forme de transition entre Ancien régime et postmodernité, il y a démocratie à condition que les femmes puissent devenir des hommes (féminisme), et donc, en dernière instance, aussi à condition que les hommes puissent devenir des femmes (LGBT).

La Société mondiale : un fait

Comme ce Netanyahou et ce Trump avec qui il a la dent si dure (car ils sont « de droite »), Medvedev a, en d’autres termes, conscience de l’émergence d’une société mondiale. Contrairement aux fables multilatérales et subsidiaristes du nouveau tiers-mondisme « de droite », cette société mondiale émergente n’a pas de compartimentation horizontale (étatique), mais plutôt le caractère d’une population (concept emprunté à la zoologie) – et ce, de façon absolument nécessaire, étant donné qu’il s’agit de l’aboutissement d’un projet culturel (d’origine occidentale) post-familial. Dans cette société, le monolinguisme devient une marque non-ambiguë de l’arriération sociale et de l’insignifiance politique ; les mariages (nationalement, racialement) mixtes, loin d’être découragés, deviennent un signe d’excellence socio-culturelle. Toutes les formes d’égoïsme collectif (résumées sous l’étiquette un peu simplificatrice de « racisme ») y constituent le mal absolu.

C’est en ce point que Netanyahou et Trump prêtent le flanc aux attaques du camp de Medvedev, en criant « America first » et « Israël vivra » – tandis que la Russie poutinienne applaudit le « multiculturalisme » (comprendre : métissage universel et accéléré), tout en faisant mine de s’imaginer que la fiction « Etat russe » pourra résister longtemps à ce traitement.

Mais le positionnement Netanyahou/Trump n’est guère plus cohérent : eux – tout en liquidant en série les nationalistes iraniens, et en s’abstenant soigneusement d’égratigner le moindre mollah – semblent considérer (peut-être à raison) qu’il leur serait impossible de créer un consensus démocratique autour de leurs agressions sans évoquer la « guerre contre le terrorisme » conceptualisée par Netanyahou, qui est une guerre contre le fanatisme religieux (en l’occurrence islamique) –, accusé bien sûr d’antisémitisme, mais reconnaissable avant tout à son manque de respect pour les dogmes du féminisme. Ce réchauffé d’idéologie illuministe (révolutionnaire/maçonnique) est censé leur attirer les faveurs d’une société mondiale qui, par ailleurs, ne veut plus rien entendre dans le goût de « America first » ou « Israël vivra ». 80% des juifs américains (juifs de gauche) votent démocrate : en vertu de la stratégie Israel first de Trump, combien d’entre eux s’abstiendront de soutenir l’insurrection la prochaine fois que Soros décidera d’armer les migrants contre l’Etat Trump ? 1 sur 10 ?

En d’autres termes : la Société mondiale émergente est traversée par une contradiction idéologique entre Gauche mondiale et Droite mondiale. C’est une contradiction transversale, qui peut parfois donner l’impression de grossièrement épouser d’hypothétiques lignes de fractures géopolitiques – comme entre des USA dirigés par Trump et une Chine dont le visage est celui de Xi –, mais qui divise en réalité toutes les sociétés industrialisées du monde, globalement en deux camps – mais des camps dont même la cohérence interne pose (au moins à droite) problème.

Gauche mondiale et Droite mondiale

Il existe par exemple une lecture géopolitique – profondément erronée à mon avis – de la politique iranienne de Trump, qui parle de livraisons d’énergie à la Chine, du « Nouvel Empire mongol » (Chine + Russie + Iran), etc..

En coulisse, tout en « coopérant » souvent avec Israël, les Princes rouges sont parmi les principaux promoteurs d’une lecture décoloniale de la question palestinienne – qui prend son sens dans le cadre d’un combat idéologique dont l’enjeu est le contrôle du legs moral de Nuremberg : la quintessence de l’antifascisme, est-ce l’adulation victimaire du gosse palestinien (réellement) écrasé sous les décombres de Gaza, ou celle de la femme iranienne (censément) opprimée par « le patriarcat » ? Quelle que soit la réponse qu’on souhaite donner à cette question, du moment qu’on a entrepris de répondre, c’est qu’on a déjà capitulé devant le thématisation hégémonique – dont l’asymétrie est pourtant patente : c’est la Gauche mondiale qui a imposé les règles du jeu et les termes du débat.

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