Personnellement, je ne suis pas enthousiaste quant au dialogue, qui me semble être la simple juxtaposition de deux monologues… Accessoirement, deux monologues courtois.
En ce qui concerne Laurent Guyénot, sa posture me semble être la manifestation d'une personne en proie à une dissonance cognitive. Cette dissonance cognitive se retrouve chez toute personne victime d'un pervers, d'un noyau pervers, ou encore confrontée à un réel qui échappe à son entendement - généralement en raison de ce que l'on appelle une faille narcissique- et de l'incapacité pathologique à accepter de ne pas comprendre… Ainsi, des justifications logiques sont perpétuellement élaborées pour donner du sens à l'insaisissable.
Le sujet - qu'il s'agisse des pervers, de leurs proies, de la dissonance et de l'existence en dissonance - est à la fois vaste et logiquement simple. Cependant, il demeure par nature contre-intuitif, contre-instinctif et irrationnel, et ne peut pas être appréhendé comme un sujet ou un objet étudié dans le cadre scolaire, ce dernier étant un lieu de formatage orienté vers une certaine logique et rien d'autre.
Pour ce qui est de M. Schwartz, son habileté naturelle et acquise, étrangement, ne lui permet pas de s'apercevoir que l'analogie qu'il établit entre les peuples est comparable, en herboristerie, à la théorie des signatures — une croyance ayant perduré de l'Antiquité jusqu'à l'avènement de la modernité scientifique. Parfois, cette méthode produisait des résultats, parfois non. Cependant, la validité du procédé dans certains cas suffit-elle à justifier la croyance et la théorie ?
Rien de palpable ne sortira de cet entretien, ni d'un millier d'autres. Messieurs, continuez donc à discuter du sexe des anges."
Merci beaucoup pour ce dialogue très riche. Monsieur Guyénot évoque brièvement une idée développée ailleurs. Il s'agit du miroir que les chrétiens tendent aux juifs, qui, selon lui renforcerait ce qu'il désigne comme une sorte de pathologie du narcissisme. Au risque de le trahir je résume : les chrétiens entretiendrai une folie en confortant les juifs dans leur croyance qui relèverait de la psychiatrie (trouble de la personnalité où l’individu - ici collectif - s’imagine au centre d’un plan divin spécial, se percevant comme exceptionnel, supérieur ou choisi par Dieu). Le problème pour lui c'est la responsabilité chrétienne dans le renforcement de cette conviction délirante. En effet, il existe sans doute d'autres peuples se considérant "élu", mais la tension entre le monde chrétien et juif semble singulière. Dans le dialogue, un passage très intéressant je trouve est sur Jérusalem, sorte de Heimat à la fois perdu et dans le même temps projeté comme à-venir. Autre passage stimulant est la question du point de vue, ou plutôt du point aveugle qui ne permet pas de voir d'où on observe, c'est-à-dire le point vue Chrétien. Il existe cependant des observateurs extérieurs qui nous regarde quand bien même le monde globalisé à généralisé le point de vue Occidental. Je pense par exemple à Yuk Hui, philosophie originaire de Chine, qui en plus de connaitre Hegel est à même de lire Confucius dans le texte, ce qui n'est pas le cas de la plupart des lettrés Européens. C'est un auteur intéressant pour approfondir les thèmes clés de ce blog, notamment le dépassement du concept "scolasticisé" de Nature, qui enferme dans l'idée de la loi naturelle et qui conduit un Pierre Hillard à ne pas remarquer, comme vous le soulignez, qu'il existe de multiples expressions du plan divin sur terre.
J'ai l'impression que la lecture de Laurent Guyenot et ceux qui partagent sa position est un reproche au peuple juif de se considèrer comme le peuple élu, tout en admettant, de part leur positonnement, que ce peuple est incomparable à tout autre (lui reconnaissant donc un statut de peuple élu), au prétexte qu'ils revendiquent leurs actions dans l'histoire au regard d'un livre saint, comme si cela faisait une quelquonque différence avec n'importe quelle autre justification modern de supériorité, comme celle de la race chez les germaniques etc...
Je crois comprendre qu'ils sont bloqués dans leur lecture de l'histoire de part leur propre foi religieuse.
En tout cas cette discussione est très intéressante, merci de cette proposition.
Oui, sauf que pour ma part, à part les occidentaux/mondialistes, je n'ai jamais connu de peuple identifiable comme tel qui ne se condère PAS comme le peuple élu. C'est aussi vrai des Arméniens (avec leur culture écrite plurimillénaire) que des Tsiganes endogames des Balkans (ceux qui conservent leur langue et refusent les mariages mixtes), qui sont pourtant analphabètes (au moins dans leur culture à eux)...
Les protocoles, il me semble savoir que c'est un faux qui a été reconnu comme tel dès l'époque, y compris par des intellectuels pas particulièrement philosémites. Mais bon, j'avoue ne pas être un expert de la question.
Pour le 11 septembre, j'ai moi aussi beaucoup de mal à croire à la version officielle, même si par ailleurs l'hypothèse judéo-centrique, comme d'habitude, ne me convainc pas non plus. Je serais plutôt porté (une fois n'est pas coutume) à suivre en la matière l'opinion de Meyssan (pour qui les forces discrètes [occulte serait un grand mot] à l'oeuvre en l'occurrence dépassent de loin le Mossad, tandis que le but de l'opération serait d'une tout autre ampleur que le mythique "Grand Israël").
Cette réponse me rappelle qu´il.y a 20 ou 30 ans, on entendait encore des gens dire " il semble que Dreyfus n´est pas coupable, mais tout ça n´est pas clair et on n´est sur de rien". Les protocoles des Sages de Sion ne sont pas une affaire de spécialistes mais la matrice de tout le complotisme antisémite contemporain. Affirmer haut et fort que c´est un faux , ce qui a été mille fois démontré´, et identifier ceux qui évoquent ce texte comme des menteurs pervers releve d´un minimum d´hygiène morale et même mentale. Je trouve plutôt courageux de s´aventurer sur les terres marécageuses de l´antisémitisme mais il vaut mieux pour ça garder une solide boussole morale.
C'est ton point de vue, qui est respectable, mais ma méthodologie consiste à ne jamais mêler aucune sorte de morale à la théorie au sens étymologique de "prise en compte du réel".
Je ne pense pas qu'on ait attendu la mise en circulation des Protocoles pour pratiquer ni l'antisémitisme (qu'on peut, finalement, faire remonter à Paul dans son combat contre l'église de Jean), ni la conspirationnite (qui est juste la version sécularisée d'une conception providentialiste de l'Histoire: quand on n'est plus tout à fait sûr concernant "le Créateur", on peut encore se rabattre sur "les Loubavitch").
La morale, c'est fait pour l'action. Comprendre le monde est peut-être un préalable à toute action politique, mais les armées qui confondent éthique et balistique ne font généralement pas long feu sur le champ de bataille...
Votre divergence sur l'imanence mérite une suite à cette passionnante entrevue.
J'adore le générique de début !
Personnellement, je ne suis pas enthousiaste quant au dialogue, qui me semble être la simple juxtaposition de deux monologues… Accessoirement, deux monologues courtois.
En ce qui concerne Laurent Guyénot, sa posture me semble être la manifestation d'une personne en proie à une dissonance cognitive. Cette dissonance cognitive se retrouve chez toute personne victime d'un pervers, d'un noyau pervers, ou encore confrontée à un réel qui échappe à son entendement - généralement en raison de ce que l'on appelle une faille narcissique- et de l'incapacité pathologique à accepter de ne pas comprendre… Ainsi, des justifications logiques sont perpétuellement élaborées pour donner du sens à l'insaisissable.
Le sujet - qu'il s'agisse des pervers, de leurs proies, de la dissonance et de l'existence en dissonance - est à la fois vaste et logiquement simple. Cependant, il demeure par nature contre-intuitif, contre-instinctif et irrationnel, et ne peut pas être appréhendé comme un sujet ou un objet étudié dans le cadre scolaire, ce dernier étant un lieu de formatage orienté vers une certaine logique et rien d'autre.
Pour ce qui est de M. Schwartz, son habileté naturelle et acquise, étrangement, ne lui permet pas de s'apercevoir que l'analogie qu'il établit entre les peuples est comparable, en herboristerie, à la théorie des signatures — une croyance ayant perduré de l'Antiquité jusqu'à l'avènement de la modernité scientifique. Parfois, cette méthode produisait des résultats, parfois non. Cependant, la validité du procédé dans certains cas suffit-elle à justifier la croyance et la théorie ?
Rien de palpable ne sortira de cet entretien, ni d'un millier d'autres. Messieurs, continuez donc à discuter du sexe des anges."
Merci beaucoup pour ce dialogue très riche. Monsieur Guyénot évoque brièvement une idée développée ailleurs. Il s'agit du miroir que les chrétiens tendent aux juifs, qui, selon lui renforcerait ce qu'il désigne comme une sorte de pathologie du narcissisme. Au risque de le trahir je résume : les chrétiens entretiendrai une folie en confortant les juifs dans leur croyance qui relèverait de la psychiatrie (trouble de la personnalité où l’individu - ici collectif - s’imagine au centre d’un plan divin spécial, se percevant comme exceptionnel, supérieur ou choisi par Dieu). Le problème pour lui c'est la responsabilité chrétienne dans le renforcement de cette conviction délirante. En effet, il existe sans doute d'autres peuples se considérant "élu", mais la tension entre le monde chrétien et juif semble singulière. Dans le dialogue, un passage très intéressant je trouve est sur Jérusalem, sorte de Heimat à la fois perdu et dans le même temps projeté comme à-venir. Autre passage stimulant est la question du point de vue, ou plutôt du point aveugle qui ne permet pas de voir d'où on observe, c'est-à-dire le point vue Chrétien. Il existe cependant des observateurs extérieurs qui nous regarde quand bien même le monde globalisé à généralisé le point de vue Occidental. Je pense par exemple à Yuk Hui, philosophie originaire de Chine, qui en plus de connaitre Hegel est à même de lire Confucius dans le texte, ce qui n'est pas le cas de la plupart des lettrés Européens. C'est un auteur intéressant pour approfondir les thèmes clés de ce blog, notamment le dépassement du concept "scolasticisé" de Nature, qui enferme dans l'idée de la loi naturelle et qui conduit un Pierre Hillard à ne pas remarquer, comme vous le soulignez, qu'il existe de multiples expressions du plan divin sur terre.
Yuk Hui - je note. Merci pour le tuyau !
Bitte schön
J'ai l'impression que la lecture de Laurent Guyenot et ceux qui partagent sa position est un reproche au peuple juif de se considèrer comme le peuple élu, tout en admettant, de part leur positonnement, que ce peuple est incomparable à tout autre (lui reconnaissant donc un statut de peuple élu), au prétexte qu'ils revendiquent leurs actions dans l'histoire au regard d'un livre saint, comme si cela faisait une quelquonque différence avec n'importe quelle autre justification modern de supériorité, comme celle de la race chez les germaniques etc...
Je crois comprendre qu'ils sont bloqués dans leur lecture de l'histoire de part leur propre foi religieuse.
En tout cas cette discussione est très intéressante, merci de cette proposition.
Oui, sauf que pour ma part, à part les occidentaux/mondialistes, je n'ai jamais connu de peuple identifiable comme tel qui ne se condère PAS comme le peuple élu. C'est aussi vrai des Arméniens (avec leur culture écrite plurimillénaire) que des Tsiganes endogames des Balkans (ceux qui conservent leur langue et refusent les mariages mixtes), qui sont pourtant analphabètes (au moins dans leur culture à eux)...
11 septembre, Les protocoles....même si le type dit des choses sensées, ça suffit à dénoncer le paranoïaque antisémite.
Les protocoles, il me semble savoir que c'est un faux qui a été reconnu comme tel dès l'époque, y compris par des intellectuels pas particulièrement philosémites. Mais bon, j'avoue ne pas être un expert de la question.
Pour le 11 septembre, j'ai moi aussi beaucoup de mal à croire à la version officielle, même si par ailleurs l'hypothèse judéo-centrique, comme d'habitude, ne me convainc pas non plus. Je serais plutôt porté (une fois n'est pas coutume) à suivre en la matière l'opinion de Meyssan (pour qui les forces discrètes [occulte serait un grand mot] à l'oeuvre en l'occurrence dépassent de loin le Mossad, tandis que le but de l'opération serait d'une tout autre ampleur que le mythique "Grand Israël").
Cette réponse me rappelle qu´il.y a 20 ou 30 ans, on entendait encore des gens dire " il semble que Dreyfus n´est pas coupable, mais tout ça n´est pas clair et on n´est sur de rien". Les protocoles des Sages de Sion ne sont pas une affaire de spécialistes mais la matrice de tout le complotisme antisémite contemporain. Affirmer haut et fort que c´est un faux , ce qui a été mille fois démontré´, et identifier ceux qui évoquent ce texte comme des menteurs pervers releve d´un minimum d´hygiène morale et même mentale. Je trouve plutôt courageux de s´aventurer sur les terres marécageuses de l´antisémitisme mais il vaut mieux pour ça garder une solide boussole morale.
C'est ton point de vue, qui est respectable, mais ma méthodologie consiste à ne jamais mêler aucune sorte de morale à la théorie au sens étymologique de "prise en compte du réel".
Je ne pense pas qu'on ait attendu la mise en circulation des Protocoles pour pratiquer ni l'antisémitisme (qu'on peut, finalement, faire remonter à Paul dans son combat contre l'église de Jean), ni la conspirationnite (qui est juste la version sécularisée d'une conception providentialiste de l'Histoire: quand on n'est plus tout à fait sûr concernant "le Créateur", on peut encore se rabattre sur "les Loubavitch").
La morale, c'est fait pour l'action. Comprendre le monde est peut-être un préalable à toute action politique, mais les armées qui confondent éthique et balistique ne font généralement pas long feu sur le champ de bataille...
Tout à fait !
Agree to disagree, c'est la devise des dialogues de bonne tenue.
Tant qu'il y a ce qu'il faut pour s'hydrater et s'alimenter