Merci pour cette nouvelle video très "pédagogique" (très riche en articulations de compréhension), à l'élaboration de laquelle vous m'avez visiblement (audiblement) fait participer, même si - passé l'inévitable satisfaction d'ego qu'au fond toute exposition médiatique ne manque pas de provoquer d'emblée... - ma contribution aura été bien mince !
Vous écoutant, in fine je me suis posé - à chaud - 2 questions (et vous les livre même si je sais, puisque vous l'avez annoncé, qu'il va y avoir une suite à MAP#26a - et que vous leur aurez - d'avance - apporté réponse) :
1 - Puisqu'au fond tout "sort" de la scolastique, où (quel "pays", quel/s "penseur/s") et quand pourrait se situer ce que les paléontologistes appelleraient "l'ancêtre commun" aux 2 filières de la "modernité occidentale" que vous avez décrites ici (Hobbes - la "représentation", et Locke - la "constitution") ?
2 - Si le "moment mars 2020" représente celui où le "3e Occident" s'est "purgé de la scorie libérale", c'est à dire (filière Locke, "constitutionnelle") de la possibilité d'une "obéissance conditionnelle" aux prescriptions des gouvernants, cela signifie-t-il que (définitivement?) ce serait "l'Etat" (ou ses représentations/délégations/incarnations) qui aurait repris la main sur le gouvernement des "citoyens folklorisés" - option contrainte (et violence "légitime" au sens de Max Weber) comprise ?...
1. Que "tout sort de la scolastique", ce n'est pas exactement ce que j'affirme. Ce serait une approche typiquement idéaliste de l'Histoire (de ce point de vue, je pense que la MAP26c devrait vous éclairer).
Cela dit, entre Occident hobbesien (qui est à mon avis l'Occident stricto sensu) et Occident lockien (qui me semble être un Occident lato sensu), je n'arrive, pour ma part, pas à placer de césure antérieure au crépuscule du 1er Occident. L'"ancêtre commun", ce serait donc bien l'Europe catholique médiévale (après tout, on/ils étaient bien ensemble aux Croisades). Mais (dans la mesure où tel aurait été le sens véritable de la question) je soupçonne aussi qu'il doit y avoir des déterminants antérieurs expliquant le divorce qui s'opère à l'occasion de la Réforme (même s'il n'y a pas équivalence stricte entre ledit divorce et la Réforme). Mes soupçons, en la matière, auraient tendance à se porter vers l'ancienneté relative de la christianisation/latinisation des populations (en gros: là où aujourd'hui elles parlent des langues romanes, en général, la christianisation a aussi été précoce - quoique pas de façon uniforme là non plus, et il y a aussi la frange méridionale du monde allemand, et les croato-magyars de Pannonie).
2. Oui, tout à fait. Mars 2020, c'est le Moment Léviathan. Et l'occasion de remarquer que Léviathan n'est pas viable. Paradoxalement, c'est probablement la présence de la scorie lockienne qui (comme en métallurgie) garantissait la solidité du fer hobbesien, en contraignant la ploutocratie à un minimum de prudence dans l'expression de ses aspirations messianiques/transhumaines. De coup, c'est maintenant la forme/Etat occidentale qui est en danger. Certains (comme moi) pensent qu'il est dans l'intérêt de l'homme européen d'en accélérer la dissolution. D'autres (les souverainistes) rêvent de lui offrir un dernier tour de manège ("mais cette fois-ci, vertueux, hein!"); a proiri, le couperet démographique mettra fin à leurs rêveries avant qu'elles n'aient le temps de dégénérer en un nouveau Davos. Ce qui fait que, finalement, leur agitation stérile sera, jusqu'au bout, assez mignone: un beau ballet de crevettes philosophantes et d'invertis insurgés, s'astiquant sur leur Bodin et leur Hobbes entre deux séances de petit train. Rien de bien méchant - même s'il faut bien reconnaître que ça ne peut pas ne pas alimenter de menus appétits de califat...
1 - J'attends donc avec gourmandise (intellectuelle!) la MAP26c...
Cependant et ensuite, à propos de "l'ancêtre commun" et pour vous rejoindre sur "ils étaient bien ensemble aux Croisades", on pourrait dire qu'après tout aussi, avant qu'ils ne "protestent" avec succès (avant Luther, avant Calvin) TOUS étaient catholiques - et les grands-parents de leurs grands-parents (au moins) avant eux...
Quant aux "déterminants antérieurs", on pourrait bien illustrer vos propos par ce mot (dont j'ai malheureusement oublié l'auteur) qualifiant les "Germains" et autres habitants de sombres forêts voisines, les "mal baptisés" - où "l'ancienneté relative de la christianisation/latinisation" pourrait s'apprécier en lien avec la présence du "parler roman"...
2 - Certes, je trouve pertinente votre métaphore "métallurgique" à propos de la "scorie lockienne" (même si laisser entendre que l'on pourrait prendre John Locke pour une "scorie" ne va pas arranger votre cas avec les "lockistes" de stricte observance!). Mais, je ne saurais dire (à ce stade) si je serais porté comme vous vers le "accélérer la dissolution" : outre que reste posée pour moi la question : quel (en) serait "l'intérêt de l'homme européen", une nostalgie anciennement "souverainiste" (ayant pris naissance dans l'enfance et ses récits sans doute magiques) ne me serait pas si aisée encore à révoquer (liée à "la princesse des contes et la madone aux fresques des murs", ou à "la république une et indivisible, c'est notre royaume de France"...).
Cela dit, face au "mais cette fois-ci, vertueux, hein!" , je pense me sentir suffisamment prémuni, autant par un vieux pessimisme catho-janséniste ("les optimistes n'aiment pas les gens" de Bernanos, ou le définitif "qui veut faire l'ange, etc." pascalien), que par un très ancien et assez solide socle biologiste (Homo sapiens est génétiquement "stabilisé" depuis plusieurs dizaines de milliers d'années au moins, et compte tenu de sa complexité génétique, la probabilité de survenue d'une "mutation majeure" à effet comportemental - "Nous sommes tous Frères en Christ" enfin réalisé sur Terre! - demeure infime à échelle de temps "historique" - disons depuis le "néolithique"...).
A suivre?... Certainement de ma part, et avec plaisir autant qu'avec désir de compréhension...
Merci pour cette analyse. A écouter 2 fois pour en digérer le contenu
Modeste Schwartz bonjour,
Merci pour cette nouvelle video très "pédagogique" (très riche en articulations de compréhension), à l'élaboration de laquelle vous m'avez visiblement (audiblement) fait participer, même si - passé l'inévitable satisfaction d'ego qu'au fond toute exposition médiatique ne manque pas de provoquer d'emblée... - ma contribution aura été bien mince !
Vous écoutant, in fine je me suis posé - à chaud - 2 questions (et vous les livre même si je sais, puisque vous l'avez annoncé, qu'il va y avoir une suite à MAP#26a - et que vous leur aurez - d'avance - apporté réponse) :
1 - Puisqu'au fond tout "sort" de la scolastique, où (quel "pays", quel/s "penseur/s") et quand pourrait se situer ce que les paléontologistes appelleraient "l'ancêtre commun" aux 2 filières de la "modernité occidentale" que vous avez décrites ici (Hobbes - la "représentation", et Locke - la "constitution") ?
2 - Si le "moment mars 2020" représente celui où le "3e Occident" s'est "purgé de la scorie libérale", c'est à dire (filière Locke, "constitutionnelle") de la possibilité d'une "obéissance conditionnelle" aux prescriptions des gouvernants, cela signifie-t-il que (définitivement?) ce serait "l'Etat" (ou ses représentations/délégations/incarnations) qui aurait repris la main sur le gouvernement des "citoyens folklorisés" - option contrainte (et violence "légitime" au sens de Max Weber) comprise ?...
Avec mes remerciements anticipés,
Bien à vous - Bernard Grandchamp
1. Que "tout sort de la scolastique", ce n'est pas exactement ce que j'affirme. Ce serait une approche typiquement idéaliste de l'Histoire (de ce point de vue, je pense que la MAP26c devrait vous éclairer).
Cela dit, entre Occident hobbesien (qui est à mon avis l'Occident stricto sensu) et Occident lockien (qui me semble être un Occident lato sensu), je n'arrive, pour ma part, pas à placer de césure antérieure au crépuscule du 1er Occident. L'"ancêtre commun", ce serait donc bien l'Europe catholique médiévale (après tout, on/ils étaient bien ensemble aux Croisades). Mais (dans la mesure où tel aurait été le sens véritable de la question) je soupçonne aussi qu'il doit y avoir des déterminants antérieurs expliquant le divorce qui s'opère à l'occasion de la Réforme (même s'il n'y a pas équivalence stricte entre ledit divorce et la Réforme). Mes soupçons, en la matière, auraient tendance à se porter vers l'ancienneté relative de la christianisation/latinisation des populations (en gros: là où aujourd'hui elles parlent des langues romanes, en général, la christianisation a aussi été précoce - quoique pas de façon uniforme là non plus, et il y a aussi la frange méridionale du monde allemand, et les croato-magyars de Pannonie).
2. Oui, tout à fait. Mars 2020, c'est le Moment Léviathan. Et l'occasion de remarquer que Léviathan n'est pas viable. Paradoxalement, c'est probablement la présence de la scorie lockienne qui (comme en métallurgie) garantissait la solidité du fer hobbesien, en contraignant la ploutocratie à un minimum de prudence dans l'expression de ses aspirations messianiques/transhumaines. De coup, c'est maintenant la forme/Etat occidentale qui est en danger. Certains (comme moi) pensent qu'il est dans l'intérêt de l'homme européen d'en accélérer la dissolution. D'autres (les souverainistes) rêvent de lui offrir un dernier tour de manège ("mais cette fois-ci, vertueux, hein!"); a proiri, le couperet démographique mettra fin à leurs rêveries avant qu'elles n'aient le temps de dégénérer en un nouveau Davos. Ce qui fait que, finalement, leur agitation stérile sera, jusqu'au bout, assez mignone: un beau ballet de crevettes philosophantes et d'invertis insurgés, s'astiquant sur leur Bodin et leur Hobbes entre deux séances de petit train. Rien de bien méchant - même s'il faut bien reconnaître que ça ne peut pas ne pas alimenter de menus appétits de califat...
Modeste Schwartz bonsoir,
1 - J'attends donc avec gourmandise (intellectuelle!) la MAP26c...
Cependant et ensuite, à propos de "l'ancêtre commun" et pour vous rejoindre sur "ils étaient bien ensemble aux Croisades", on pourrait dire qu'après tout aussi, avant qu'ils ne "protestent" avec succès (avant Luther, avant Calvin) TOUS étaient catholiques - et les grands-parents de leurs grands-parents (au moins) avant eux...
Quant aux "déterminants antérieurs", on pourrait bien illustrer vos propos par ce mot (dont j'ai malheureusement oublié l'auteur) qualifiant les "Germains" et autres habitants de sombres forêts voisines, les "mal baptisés" - où "l'ancienneté relative de la christianisation/latinisation" pourrait s'apprécier en lien avec la présence du "parler roman"...
2 - Certes, je trouve pertinente votre métaphore "métallurgique" à propos de la "scorie lockienne" (même si laisser entendre que l'on pourrait prendre John Locke pour une "scorie" ne va pas arranger votre cas avec les "lockistes" de stricte observance!). Mais, je ne saurais dire (à ce stade) si je serais porté comme vous vers le "accélérer la dissolution" : outre que reste posée pour moi la question : quel (en) serait "l'intérêt de l'homme européen", une nostalgie anciennement "souverainiste" (ayant pris naissance dans l'enfance et ses récits sans doute magiques) ne me serait pas si aisée encore à révoquer (liée à "la princesse des contes et la madone aux fresques des murs", ou à "la république une et indivisible, c'est notre royaume de France"...).
Cela dit, face au "mais cette fois-ci, vertueux, hein!" , je pense me sentir suffisamment prémuni, autant par un vieux pessimisme catho-janséniste ("les optimistes n'aiment pas les gens" de Bernanos, ou le définitif "qui veut faire l'ange, etc." pascalien), que par un très ancien et assez solide socle biologiste (Homo sapiens est génétiquement "stabilisé" depuis plusieurs dizaines de milliers d'années au moins, et compte tenu de sa complexité génétique, la probabilité de survenue d'une "mutation majeure" à effet comportemental - "Nous sommes tous Frères en Christ" enfin réalisé sur Terre! - demeure infime à échelle de temps "historique" - disons depuis le "néolithique"...).
A suivre?... Certainement de ma part, et avec plaisir autant qu'avec désir de compréhension...
Bien à vous - Bernard Grandchamp