Mort aux méchants racistes « suprémacistes », et vive l’Etat mondial !
Comment l’anticovidisme bisounours va finalement vous apprendre à aimer la seringue
La touchante histoire de la réconciliation de Jean-Do et António
« Le seul ennemi est la déshumanisation ! L’Occident est en proie à une vilaine bouffée morbide, dont le soutien enragé au criminel de guerre Netanyahou et son gouvernement ouvertement raciste, suprémaciste [sic] et messianique est un rude symptôme. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la propagande de folie et de mort dans laquelle s’enferme notre caste médiatico-politique... Une action salutaire et (évidemment) en rien antisémite, puisque portée par de très nombreuses personnalités juives ! »
L’auteur, sur Twitter, de ce prêche humaniste (donc occidental), un certain Jean-Dominique Michel, est un anthropologue suisse de la médecine, aux mérites scientifiques incontestables, et aujourd’hui largement reconnus par tous les secteurs de l’opinion qui ne sont pas contrôlés par une mafia pharmaceutique face à laquelle il a fait preuve d’un grand courage à l’époque du délire covidiste.
Et c’est là que les problèmes commencent.
Parce que, quand vous avez eu le malheur de l’ouvrir à propos du Rhume19 (demandez-moi, j’en sais quelque-chose !), après, pour trouver du boulot dans les professions intellectuelles… Après tout, en Occident, c’est à ça qu’on reconnaît une religion vive (comme le covidisme) d’une religion morte (comme le catholicisme) : à l’efficacité de l’inquisition qui la protège.
Du coup, comme il faut bien vivre malgré tout, les figures marquantes de l’anti-covidisme se sont, en général, lancées, bon gré mal gré, dans des carrières de publicistes – vite rejointes, au demeurant, par des opportunistes sans foi ni loi, dénués, eux, de tout mérite intellectuel, et qui avaient juste flairé le petit billet à se faire (d’où, par exemple, l’épopée du Courrier des Boomers).
Certains, comme Edward Slavsquat (et moi – quoique pas aussi vite que lui) ont eu la sagesse de le faire sur Substack, dans un nouvel environnement virtuel garantissant à la fois la liberté d’expression (à la différence, notamment, de YouTube) et un rapport rémunérateur direct (non-médié par la pub) avec un public qui peut donc être numériquement restreint, à condition d’être qualitativement engagé. Inutile de dire que ça implique aussi un certain penchant à la frugalité…
Jean-Dominique Michel n’a apparemment pas eu cette sagesse. Depuis quelques mois, Jean-Dominique réinforme. En bon français : il pigeonne. Car, comme l’avait bien compris, dès 1978, Soljenitsyne, par la simple logique du sensationnalisme[1], la presse occidentale souffre du même mal que la démocratie occidentale. De ce point de vue, les professions de foi mondialistes de Jean-Dominique Michel transformé en héros de « l’antisionisme » (cf. infra) nous disent la même chose que la votation suisse de 2021 (portant approbation par la foule nihiliste du maintien du covidisme) : on ne peut pas s’appuyer sur la légitimité d’une majorité bien décidée à mourir pour défendre la cause de ceux qui veulent vivre.
Et quand on commence à pigeonner, c’est très difficile de s’arrêter.
En 2021, le mougeon – surtout le mougeon non-piqué, qui l’avait échappé belle – était bien remonté contre « le mondialisme », qu’il avait, du coup, identifié de façon presque adéquate, sous les traits du sympathique K. Schwab et de son club davosien des Amis de la Planète-sans-toi. Quel dommage qu’il n’en ait pas profité pour bien imprimer dans sa mémoire la photo de famille des mentors (Kissinger), pairs (Poutine) et affidés (Guterres) dudit Schwab…
Car, dès que la seringue menaçante s’est éloignée de ses épaules, le mougeon, passé la crainte d’être recyclé en « animal de boucherie », est redevenu l’animal domestiqué qu’un millénaire d’histoire occidentale l’a conditionné à être. L’autonomie, c’est pas son truc. « Ni Dieu, ni maître », c’est valable juste pendant les moments où l’odeur de l’abattoir devient un peu trop entêtante autour de son fourgon à bestiaux. Le reste du temps, il retombe, le mougeon, dans sa pente naturelle, qui est l’attente messianique (à propos de « messianisme », hein, Jean-Mi…) du bon berger, que lui vend toute l’intellectualité occidentale, de Thomas d’Aquin à Monseigneur Husson. Le mougeon a besoin d’un bon maître. A partir de 2022, au lieu de tirer les leçons du moment mars 2020, la réinfosphère (lire : la pigeonosphère) s’est donc mise à lui vendre le Sauveur qui viendra de l’Est, où le kissingérien Poutine avait entamé sa lutte héroïque (d’autant plus héroïque, bien sûr, que c’est pas lui qui va canner) pour étendre à l’Ukraine les bienfaits indicibles du Spoutnik V.
Kissinger contre Davos, fallait y penser. A ce compte-là, on pourrait aussi compter sur Patrick Bruel pour nous sauver d’Enrico Macias, non ?
Mais bon, l’Armageddon planétaire concentré sur une ligne Kherson-Zaporojie, avec « escalade mondiale » toutes les deux semaines, au bout d’un an et demi, on s’en lasse aussi facilement que du bonheur de maquiller la grippe en peste noire.
C’est là que la Hamas a choisi de saisir l’opportunité de ses 5 minutes de célébrité mondiale, en rendant explicite, avec toute la délicatesse orientale qui le caractérise, les vœux occultes de tout riverain de rave party au bout d’une nuit d’insomnie forcée. Le déferlement de violence qui s’en est suivi constitue, au Moyen-Orient (et d’ailleurs assez généralement hors d’Europe) la routine des rapports inter-ethniques. Ben oui, mais d’ordinaire (notamment : en Afrique), les éviscérations restent d’autant plus tolérables qu’elles sont peu télévisées – une discrétion qui ne risquait pas d’affliger les menues distractions génocidaires de deux peuples particulièrement exhibitionnistes, et chacun doté d’une épaisse représentation extraterritoriale dans les capitales de l’Occident historique.
Du coup, toute la pigeonosphère s’est trouvé une nouvelle marotte, encore plus satisfaisante émotionnellement que les trilles du patriotisme russe surjouées par des gosiers de gavés hexagonaux : la dénonciation de l’infanticide israélien dans Gaza, variante de cette Croisade des enfants qui constitue, de toute façon, la dernière grande cause collective assumable de la civilisation du YIN.
Les mougeons n’ont bien sûr pas même tiqué à l’idée (qui leur a visiblement échappé) que cette flûte de Hamelin allait, de toute évidence, les jeter dans les bras de ce même António Guterres, de ce même Lula, de ce même Chomsky – de toute cette glorieuse clique de philanthropes antisionistes/progressistes qui, deux ans plus tôt, préconisaient encore leur « immunisation » forcée sur l’autel de Gaïa.
On s’était donc trompés ? Finalement, les covidistes étaient des gens bien ? C’est la conclusion qu’ont visiblement tirée, de ces vicissitudes du pigeonnage, les stratèges ventripotents du Courrier des Boomers, émettant fin 2023 une palinodie covidiste en bonne et due forme : « L’obsession du Covid est un détournement de l’énergie militante » (comprendre : un affaiblissement du potentiel de pigeonnage). Au moins faut-il reconnaître à ces olympiens du retournement de veste à 5€ le mérite d’une certaine cohérence. En général, le reste de la réinfosphère s’est contenté de tabler sur la mémoire de poisson rouge du mougeon. Maintenant qu’on l’avait bien travaillé à l’alter-mondialisme, bien multilatéralisé sur l’air de Bakhmout année zéro, le moment était venu de lui faire aimer l’ONU (buanderie du WEF de Schwab), et son gri-gri idéologique le plus spécifique : le droit international.